Pour Toi Ce N'Etait Rien

Il est des gens pour qui les fées qui se penchent sur le berceau remplacent les mots tendres par un « toi, tu vas en baver ! » aussi cynique que prophétique. René Villard, né le 24 janvier 1946 à l’arrière d’un taxi qui conduisait sa mère à la maternité, est de ceux-là. Un père qu’il ne connaîtra jamais (tout au plus saura-t-il qu’il est Corse), une mère idéalisée qui perd la garde de ses enfants alors que ces derniers sont encore marmots sont les premiers souvenirs parentaux qu’il connaît. Trimballé de foyer en orphelinat, de parents adoptifs en familles d’accueils, le jeune René Villard, dont la jeunesse est une suite de fugues et de placements, se retrouve vite confié à une famille berrichonne, lui le petit Parigot pur jus. C’est cependant au cœur du Berry que la rencontre avec un abbé érudit et ouvert d’esprit lui permet de s’initier à la littérature et à la musique, donnant une esquisse de sens à sa vie.

Toujours un peu paumé, René Villard, à peine majeur, décide, à l’image de nombreux jeunes gens prêts à tenter leur chance sur scène, de monter à la capitale. D’auditions en radios-crochets, René Villard, qui par coquetterie se fait désormais appeler « Hervé » et retire un L de son patronyme, découvre le cœur léger et le bagage mince, le parcours habituel de tout petit jeune qui souhaite conquérir Paris. Mais les premiers temps sont durs et c’est au cœur des foyers de l’assistance publique que le nouvellement baptisé Hervé Vilard doit souvent retourner pour éviter de tomber dans la mendicité. Une rencontre, cependant, va tout changer : le galeriste Daniel Cordier, ancien FFI et secrétaire de Jean Moulin, découvre le jeune homme et le prend sous son aile, allant jusqu’à l’adopter en 1962. Les relations exactes qui unissent les deux hommes font couler beaucoup d’encre ; reste cependant que grâce à Cordier, qui l’encourage et lui offre des cours de chant, Vilard sort la tête de l’eau et envisage à nouveau de faire carrière dans la chanson.

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Hervé Vilard - Pour Toi Ce N'Était Rien
 
 

Ce jour-là n'est jamais sorti de l'ombre
Je courais comme un fou dans le matin
Pour moi, c'était vraiment la fin du monde
Pour toi, ce n'était rien
Dans le bruit des motards et des sirènes
Ma voix ne passait plus
Tu étais loin
Pourtant je te criais: Reviens, je t'aime!
Mais pour toi ce n'était rien.

Ce jour-là n'est jamais sorti de l'ombre
Je courais comme un fou dans le matin
Pour moi, c'était vraiment la fin du monde
Mais pour toi, pour toi ce n'était rien
J'ai voulu vivre encore l'espoir au ventre
Me raccrochant au fil du quotidien
Moi j'aurais tout donné pour te reprendre
Pour toi ce n'était rien

Ce jour-là n'est jamais sorti de l'ombre
Je courais comme un fou dans le matin
Pour moi c'était vraiment la fin du monde
Pour toi ce n'était rien
Rien, tous les mots d'amour, les cris de haine
Rien, tout ce grand désert du lendemain
Rien, tant de désespoir et tant de peine
Oui pour toi, pour toi ce n'était rien
Un jour j'en sortirai, je te le jure
Je ne sais pas comment, ou mal ou bien
Pour toi ce n'était rien qu'une aventure
Pour toi ce n'était rien.

 
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